A L'HISTOIRE DE FRANCE, [i566]                    36
vint et assista. U fut arresté toutesfois par le Roy et la Reyne que ledit edit (0 seroit cassé ; et, au lieu d'iceluy, deffenses faites à tous ceux de la religion de frequenter és villes esquelles il ny a aucun exercice de ladite re­ligion, et à eux deffendu de faire endoctriner leurs enfans par pédagogues de cette religion, ny en retenir aucun; en outre, deffendu au chancelier de sceller au­cunes choses concernant l'Eglise et la religion sans Ie consentement du conseil.
Le conseil étant finy, arriva de bonne fortune l'am­bassadeur d'Espagne, chargé d'un gros paquet adres­sant à la Reyne de la part du roy d'Espagne, contenant qu'il voit bien que les promesses qui luy ont eté faites ci-devant sont frivoles ; qu'elle lui avoit mandé qu'en l'assemblée qu'elle a faite ces jours passés elle decide-roit entierement du fait de la religion, faisant entre­tenir la vieille et catholique, annullant entierement la nouvelle; mais que tant s'en faut qu'elle a fait àla mai­son de Lorraine les plus grandes indignitez qu'il n'est possible de plus, et laquelle maison a soustenue seule la religion catholique, de maniere qu'il est deliberé de lui montrer par effet qu'il veut qu'elle lui tienne sa promesse. Desquelles lettres la Reyne fort étonnée dit au cardinal qu'il falloit bien qu'il en eut écrit au roy d'Espagne, et qu'elles'étonnoit pourquoi il lui en avoit écrit, luy demandant : « Que vous ay-je fait, mon cou-ce sin? » A laquelle il répondit qu'il ne lui en avoit écrit. Ce que l'ambassadeur ratifia, et dit que luy même, pour le service qu'il doit à son maistre, l'avoit averty de tout ce qui s'étoit passé en cette cour; et lors par-
(0 Ledit edit : c'est l'édit du mois de mars 1563.